Le système présidentiel Américain la Méthodologie juridique .

 Diakite Toumani , étudiant chercheur en droit public options Politique International.

Thème: le model  présidentiel Américain.


Introduction :


L'avènement des États-Unis trouve ses racines dans l'élaboration de la Constitution entre 1783 et 1787. À Philadelphie, cinquante-cinq représentants des treize colonies se sont réunis en congrès pour créer un texte constitutionnel original, qui repose sur le principe de la séparation des trois branches du pouvoir : l'exécutif, le législatif et la judiciaire. 

Contrairement à un régime parlementaire, le président des États-Unis, qu'il soit élu ou désigné d'une manière autoritaire, ne siège pas devant le corps législatif et détient des pouvoirs effectifs. En effet, l'exécutif et le législatif se comportent mutuellement comme des contrepoids, créant ainsi un système de « check and balance ». 

La Constitution de 1787 établit également le principe de la fédération, reconnaissant deux ordres de gouvernement : l'État fédéral et les États fédérés. Cette organisation permet à chaque État de légiférer dans les domaines tels que la justice, l'instruction, les droits individuels ou la santé, tandis que le gouvernement fédéral se charge principalement de la politique étrangère, de la défense et du commerce. Ainsi, chacun des cinquante États est dirigé par un gouverneur et possède sa propre Constitution, ses lois et sa politique intérieure indépendamment du pouvoir fédéral. En explorant la question de savoir pourquoi le régime présidentiel américain est considéré comme unique dans le monde, nous examinerons le rôle du président des États-Unis dans un premier temps, suivi du Congrès dans un second temps.


I.) Le président des États-Unis :


En tant que dirigeant de la première puissance mondiale, le président des États-Unis est souvent considéré comme l'homme le plus puissant de la planète. Cependant, bien qu'il occupe les fonctions de chef de l'État et de chef du gouvernement conformément à l'article 2 de la Constitution de 1787, le pouvoir réel du président est limité. Cela peut être vu à travers son statut (A) et ses compétences (B), qui montrent que bien que le président soit investi de certaines des compétences les plus importantes de l'État et de la scène internationale, il ne peut les exercer sans l'assentiment du Congrès. John F. Kennedy a d'ailleurs souligné cette réalité en affirmant que « Le président est un homme doté de pouvoirs exceptionnels qu'il exerce dans des limites exceptionnelles ».


A) Le statut présidentiel

Elu  Indirectement par le peuple dans le cadre d'une procédure particulièrement complexe, le président des États-Unis n'échappe pas à une procédure de rappel, impeachment (l'expression désigne un impeachment ayant théoriquement  caractère pénal), à la demande du Congrès.  Le président des États-Unis est élu pour un mandat de quatre ans, renouvelable une seule fois.  Adopté en 1951, le XXII amendement à la Constitution précise : « Nul ne peut être élu plus de deux fois à la fonction de Président - et nul, s'il a occupé ou exercé les fonctions de Président pendant plus de deux ans pendant lesquels un autre que lui avait  été élu président, plus d'une fois.  L'élection de Barack Obama en 2008, réélu en 2014, fait de lui le 44e président depuis George Washington (1789-1797).  (1981-1989), Bill Clinton (1992-2000) et George W. Bush (2000-2008) ont rempli deux mandats complets, Franklin D. Roosevelt étant une exception car il est resté au pouvoir pendant plus de trois mandats (1933-1945  Depuis 1951, cette longévité n'est plus possible.

1) Les conditions pour se présenter  :

Le candidat à la présidence doit être né citoyen américain sur le territoire des États-Unis, être âgé d'au moins 35 ans, avoir résidé quatorze ans en  aux États-Unis. Pour rivaliser avec les chances de l’emporter, le candidat doit être présenté par l'un des deux grands partis : le Parti républicain ou le Parti démocrate.  Sans nécessairement se distinguer par leur idéologie, les deux partis représentent des structures on parle parfois de "machines") destinées à remporter l'élection présidentielle.  En dehors de la période électorale, le parti politique ne s'exprime pas.  Le parti sélectionne ses candidats (président et vice-président) selon une procédure en deux étapes.  Dans les États fédérés, chaque parti désigne, selon des modalités variables (la méthode la plus répandue reste les élections primaires ouvertes à chaque parti ; État soit à tous les électeurs, soit uniquement aux électeurs affiliés à un seul ; il est possible que le choix des candidats  n'appartient qu'aux hauts responsables du parti et aux militants actifs dans une réunion appelée caucus), les délégués qui voteront à la Convention nationale pour un ticket (candidats à la présidence et à la vice-présidence).  Au niveau national, chaque parti investit officiellement son candidat lors de la Convention nationale.

2) Le mode de scrutin

Le président et le vice-président sont élus selon un mode de scrutin indirect.  Premièrement, le peuple américain vote pour des électeurs qui, dans un deuxième temps, éliront le président et le vice-président.  Dans chaque État fédéré, le mardi suivant le premier lundi de novembre, le peuple américain élit au suffrage universel direct (depuis 1868) les grands électeurs qui s'engagent à investir l'un des deux tickets.

 

3) Le rôle du vice-président :

Le vice-président (en 2014, Joe Biden) ne joue pas un rôle actif tant que le président élu assure ses fonctions, à l'exception de la présidence, toute symbolique, du Sénat des États-Unis. Sa présence est destinée à assurer, en cas de problème, la continuité de la présidence. Deux situations entraînent le remplacement du président par le vice-président: l'incapacité temporaire du président (George H. Bush a provisoirement rem placé Ronald Reagan au moment où ce dernier fut victime d'un attentat en 1981) et la vacance présidentielle consécutive au décès (suite à l'assassinat du président Kennedy en 1963, Lyndon Johnson est devenu président. Trois présidents ont été assassinés avant Kennedy: Lincoln, en 1865; Garfield en 1881 et McKinley en 1901), à la démission (la démission de Richard Nixon, éclaboussé par l'affaire du Watergate en 1974, n'a cependant pas permis à son vice-président initial, Spiro Agnew, de lui succéder. En 1973, suite à la démission de ce dernier, Richard Nixon désigne Gerald Ford pour le poste. La vacance présidentielle de 1974 permet donc à un vice-nommé de devenir président des États-Unis. Gerald Ford est l'unique président à n'avoir pas été élu par le peuple américain) ou à la destitution du président. Le vice-président a le droit de se présenter à l'élection présidentielle (cas d’Al Gore, vice-président de Bill Clinton entre 1992 et 2000, candidat malheureux face à George W. Bush lors des élections de 2000). S'il a remplacé le Président pendant une durée supérieure à deux ans, il ne pourra exercer plus d'un mandat.

 

B) La responsabilité présidentielle :

 

Le système américain est souvent présenté comme l'archétype du régime de séparation stricte des pouvoirs : << Chacun paraît enfermé dans sa fonction et isolé dans un rôle » (Jean Gicquel). Le Président exerce sa mission constitutionnelle en toute indépendance n'étant pas, comme dans un régime parlementaire, responsable de sa politique devant le Congrès.

1.    Les pouvoirs présidentiels :

La lecture de la Constitution des Etats-Unis ne permet pas d'identifier l'étendue et l'intensité des pouvoirs présidentiels.  Les relations politiques entre le président et le Congrès, la situation internationale et le tempérament des hommes y contribuent.  En marge de la loi, pour façonner le pouvoir présidentiel.  Dans la première version de son livre La Démocratie en Amérique, Alexis de Tocqueville rappelle cette évidence : « Si la vie de l'Union était sans cesse menacée, si ses grands intérêts se trouvaient quotidiennement mêlés à ceux d'autres peuples puissants, on verrait l'exécutif  pouvoir grandir dans l'opinion publique. [...] Le président des États-Unis a des prérogatives quasi royales, dont, jusqu'à présent, il n'a pas eu l'occasion d'user. Et les droits qu'il peut exercer sont très limités : les lois lui permettent  Pour être fort, les circonstances le maintiennent faible (Tocqueville, 1835, p. 140). Au minimum, le président des États-Unis exerce les missions de chef de l'exécutif fédéral. En période de troubles, comme cela a été le cas  depuis les attentats du 11 septembre 2001, le Président se présente comme le protecteur de la nation, se voyant octroyer des pouvoirs exceptionnels par le Congrès 1. Les pouvoirs du chef de l'exécutif fédéral Chef du gouvernement fédéral, le président dirige les secrétaires, dont les secrétaires d'État (au nombre de quatorze), placés à la tête des différents ministères.  A ce titre, il est investi par la Constitution d'un pouvoir réglementaire et exerce, en collaboration avec le Congrès, le pouvoir de nommer et de révoquer les agents fédéraux (juges et fonctionnaires).  Depuis 1921, il détient le pouvoir de proposer le budget fédéral annuel au Congrès.  Mais la négociation budgétaire avec le Congrès reste souvent délicate pour le président, surtout lorsque la majorité de la Chambre des représentants et/ou du Sénat est hostile au chef de l'exécutif : les représentants et les sénateurs ont toujours le dernier mot en matière financière.

2.    Les pouvoirs de protection de la nation

 

Lorsque les États-Unis s'engagent dans un conflit ou menacent de le faire (comme lors de la crise des missiles de Cuba en 1962, totalement gérée par le président Kennedy assisté du Conseil national de sécurité), le président devient de facto le chef des armées chargé de protéger les ressortissants américains et d'assurer l'intégrité du territoire américain.

Théoriquement, la décision de déclarer la guerre relève du Congrès. En réalité, la volonté présidentielle de riposter à une menace suffit à déclencher la force armée la plus puissante du monde. Ainsi, les interventions militaires en Corée (1950), au Vietnam (1964), au Nicaragua (1983), au Panamá (1983), en Haïti (1994).

II) Le Congrès :

 L'expression « Congrès » désigne le Parlement fédéral qui personnifie les États-Unis dans ses décisions (la Cour suprême utilise l'expression États-Unis pour désigner le Congrès).  Il exerce des missions constitutionnelles de première importance, notamment dans l'exercice du pouvoir législatif.  

Le résultat des élections législatives de 2006 rappelle l'importance du Congrès dans le système présidentiel : le succès du camp démocrate au Congrès et à la Chambre des représentants atténue notamment le pouvoir du président républicain.  Ce dernier est désormais appelé à collaborer avec les parlementaires dans les domaines de la politique intérieure et des relations internationales.  Le Congrès a une structure bicamérale.  La forme fédérale de la Constitution des États-Unis explique la présence de deux chambres dont l'une représente les États fédérés, le Sénat (section 1), l'autre représente le peuple américain, la Chambre des représentants (section 2).

A.    Le Sénat :

Le Sénat jouit d'un prestige nettement supérieur à celui de la Chambre des représentants dans la mesure où il exerce seul deux types de fonctions particulières : il donne son assentiment aux nominations présidentielles, aux emplois fédéraux et il ratifie les traités internationaux par deux  -vote à la majorité des tiers (en 1920, le Sénat refuse de ratifier le traité de Versailles de 1919 signé par le président Thomas W. Wilson).  D'ailleurs, le président Kennedy n'a pas hésité à qualifier l'institution de "<club le plus sélect du monde">.  Le nombre de sénateurs est fixé à cent : chaque Etat fédéré désigne deux sénateurs lors des élections sénatoriales qui sont organisées au suffrage universel direct suivant le scrutin majoritaire à un tour (l'assemblée est renouvelée par tiers tous les deux ans).  La durée du mandat d'un sénateur est fixée à six ans.  Pour être candidat, vous devez être âgé d'au moins 30 ans, avoir la nationalité américaine depuis au moins neuf ans et résider dans l'État de candidature

 

B.    La Chambre des représentants :

 

La Chambre des représentants se compose de 435 membres, élus au suffrage universel direct pour deux ans dans le cadre de circonscriptions internes aux États fédérés. Chaque État compte un certain nombre de représentants (au minimum un, tel le Wyoming) en proportion de sa population. Les opérations de découpage électoral peuvent modifier la répartition des sièges de représentants entre États. Contrôlées par la Cour suprême, ces opérations, qui se déroulent dans chaque État tous les deux ans, favorisent toujours - bien que de manière moins marquée que par le passé (selon la technique du gerrymandering, héritée du gouverneur du Massachusetts, Elbridge Gerry) - la majorité sortante. L'éligibilité à la Chambre suppose de remplir trois conditions: être américain depuis sept ans, avoir au moins 25 ans et résider dans l'État de candidature. La présidence de la Chambre est assurée par un Speaker choisi dans le parti majoritaire. Son rôle est actif. Le Speaker dirige les débats, il juge la recevabilité des amendements et répartit les textes dans les vingt-six commissions permanentes de l'assemblée dont il nomme certains membres. Il est également très impliqué dans le combat politique, n'hésitant pas à s'opposer directement au président. La création de commissions d'enquête chargées de contrôler les services publics et l'administration fédérale est l'un des pouvoirs les plus importants de la Chambre (prérogative qu'elle partage, du reste, avec le Sénat). Ces commissions ad hoc confèrent aux parlementaires de véritables prérogatives juridictionnelles, ces derniers détenant le droit de convoquer et d'interroger les agents fédéraux ou les membres du Gouvernement.


Biographie : 

Philippe Blachèr, professeur à l’université LYON-3 Jean-Moulin, Droit Constitutionnel, 3eme édition, chapitre 6. Hachette supérieur.

 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

La liberté d’expression est-elle menacé?

Thème : la portée des sanctions de la cedeao sur l’économie malienne : quels enjeux ?